Rencontre avec Thierry CORBARIEU, entrepreneur et aventurier

Publié le 17 octobre 2024

A 55 ans, Thierry CORBARIEU est une référence dans le monde des courses polaires et des ultra-trails extrêmes. Vainqueur de la Yukon Arctic Ultra au Canada, de l’Iditarod 1000 en Alaska et de la  Montagne Lapland Race en Suède, il a participé aux épreuves les plus exigeantes du monde.

Le 8 novembre 2024, cet homme amoureux des challenges, a entamé un nouveau défi : faire le tour du monde accompagné de son fils de 19 ans, Yan. Durant 8 mois ils vont entreprendre ce voyage combinant vélo de route, gravel et une traversée de l’Atlantique à la rame. Obazyne soutient cette aventure

J’ai vu un reportage sur Gérard d’Aboville qui a traversé le Pacifique à la rame en 1991, et ça m’a fasciné. D’ailleurs, quand mon fils m’a dit qu’il voulait m’accompagner, je lui ai répondu : "Pour l’instant, je ne suis pas d’accord, mais si tu veux vraiment le faire, regarde d’abord ce reportage pour te rendre compte de ce qui t’attend.”

J’avais aussi, depuis longtemps, le rêve de faire un tour du monde, alors je me suis dit : pourquoi ne pas enchaîner les deux ?

À l'origine, j’avais conçu ce projet comme une aventure solo, et c’est ce qui m'intéressait : cette relation avec moi-même.
Pendant 25 ans j’ai été chef d'entreprise et j’avais beaucoup de gens à gérer, ce que j’ai fait avec beaucoup de plaisir. Mais j’avais besoin plusieurs fois dans l’année de me recentrer sur moi même, de me parler en quelque sorte. C‘est sans doute pour ça que je me suis tourné vers les courses longues distances. J’aime bien cet état, seul, face à soi même.

Donc j’ai commencé par refuser.

Et puis, je lui ai dit de regarder 2 films. Celui sur Gérard d’Aboville, et un autre qui raconte l’aventure de deux Anglais qui tentent de battre un record du monde en parcourant 18 000 km, du Cap en Afrique du Sud jusqu’au Nord. Ce que je voulais qu’il observe dans ce deuxième film, ce n'était pas l’exploit sportif, mais la relation entre les deux hommes. À un moment, ils doivent traverser un pays où il y a des tensions, et tout le monde leur conseille de ne pas y passer. L’un des deux décide de ne pas y aller, ce qui anéantit leur chance de battre le record. Cela crée une tension entre eux, qui persiste jusqu'à la fin. Ils n’atteignent pas leur objectif.

Ce que je voulais que mon fils comprenne, c’est que dans une aventure, qu’il s’agisse d’un engagement envers soi-même, un partenaire ou un coéquipier, il est crucial d’être sur la même longueur d’onde tout au long du chemin. C’est ça, la vraie difficulté

Et puis, finalement, je me suis dit que ça allait être génial, et j'ai dit oui. Cette aventure est devenue une opportunité précieuse de partage, un moment de transmission entre nous. Yan est jeune, moins expérimenté, mais il a cette envie de se mesurer à quelque chose de grand, et je suis fier qu’il ait décidé de me suivre.

Nous sommes très différents, que ce soit physiquement ou mentalement. Nos façons de réagir face aux difficultés ne sont pas les mêmes, et c’est un vrai défi. Sur mer, il y aura des moments où la fatigue, le mal de mer, les vagues imposantes mettront notre relation à l’épreuve. En tant que père, voir mon fils en difficulté, devoir l’aider alors que moi-même je serai épuisé… c’est une épreuve émotionnelle à laquelle je me prépare. Mais en même temps, je crois que ces moments, aussi durs soient-ils, renforceront notre lien.

Nous en discutons beaucoup, car il faut être prêt mentalement autant que physiquement. Il y aura forcément des tensions, quand la fatigue et l’isolement se feront sentir, mais l’important est de rester dans l’écoute, de trouver des solutions ensemble. C’est aussi une leçon de vie que je souhaite lui transmettre : dans les moments les plus difficiles, il faut savoir prendre du recul et avancer malgré tout.
C’est un apprentissage pour lui comme pour moi. À travers cette aventure, il va découvrir ses limites, apprendre à les repousser, mais aussi à s’adapter. Et aussi à communiquer sur son vécu. Je pense que cela va profondément nous transformer, tous les deux.

Je suis déjà parrain de cette association, qui a pour mission de réaliser les rêves de personnes atteintes de mucoviscidose, j’ai donc voulu profiter de ce projet pour la mettre en avant et trouver des financements. De nombreuses personnes souhaitent m’aider financièrement, alors je leur propose de reverser ces contributions directement à l’association. Nous avons mis en place une cagnotte qui servira à financer les rêves des malades, qu’ils soient adultes ou enfants. Ces rêves peuvent prendre différentes formes : faire de l’équitation, assister à un match de foot ou à une course de Formule 1 par exemple.

Association CECF / Sebastien HUETTE

Six écoles de la région vont suivre notre projet, du CM1 au collège, notamment une section SECPA, qui regroupe des élèves en difficulté. Les enseignants vont construire  tout au long de l'année un programme en lien avec notre parcours. J'ai déjà monté ce type de projet éducatif lors de mes précédentes courses, et je sais qu'il y a énormément de matière à exploiter. Que ce soit pour les calculs de trajets en mathématiques, la découverte de nouvelles langues, du milieu naturel, des différentes cultures… Nous avons même prévu des visioconférences depuis l'océan pour échanger avec eux.

Les rencontres avec les enfants sont toujours surprenantes. Ils trouvent parfois des solutions auxquelles je n'aurais jamais pensé ! Leurs questions sont très pertinentes et me poussent à réfléchir différemment.

C’est vrai que ce n’est pas simple, mais c’est tout à fait possible avec une bonne organisation et de la discipline. J’ai fondé une entreprise d’électricité et de climatisation à 20 ans, et je l'ai dirigée pendant plusieurs décennies. C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai eu l’occasion de travailler avec Obazyne sur des projets tous très intéressants. J’ai ensuite eu l’occasion de rencontrer Vincent Blachot qui est quelqu’un de très attachant, et maintenant notre relation est plus que professionnelle. J’ai été très touché par le fait qu’Obazyne soutienne mon projet. 

Gérer une entreprise m’a appris à structurer mon temps, à respecter des engagements, et à diriger des équipes. Ce sont des compétences que j’applique aussi dans ma vie de sportif. Tout est une question de priorités et de planification.

Absolument. Les deux domaines sont très liés. Mon expérience en tant qu'entrepreneur m'a appris l’importance de l'organisation, un peu comme un chef militaire. Tout doit être préparé avec précision. Dans ma vie professionnelle, je devais souvent respecter des délais très serrés, et cela m'a appris à persévérer jusqu'à atteindre un objectif. Cette mentalité m’a beaucoup aidé dans mes courses, où je dois parfois repousser mes limites pour aller au bout.

Pour moi, la vie repose sur trois piliers : la famille, le travail, et la passion personnelle. Si un de ces piliers s’effondre, tout s’écroule. J’ai toujours veillé à ne rien négliger. J’avais besoin de continuer à pratiquer le sport pour rester performant dans mon entreprise, et pour être bien avec ma famille. C’est cet équilibre qui m’a permis de réussir sur tous les fronts.

On a toujours le temps qu’on se donne. Ça demande évidemment de l'énergie, mais si on est organisé et motivé, on trouve toujours une solution. Je suis la preuve qu’on peut y arriver. Même si c'est parfois difficile, l'important est de rester passionné et d’avoir un objectif clair.

World Tour With Dad, c'est parti !

Grand moment d'émotion le 8 novembre Place du Capitole à Toulouse où Obazyne était présente pour encourager et soutenir Thierry et Yan.
Nous sommes honorés de participer à cette belle histoire.

  • Pour contribuer à la cagnotte au bénéfice de l'association KO la muco : cagnotte "Vivre ses rêves"